Concerts avec Mon Pays
La Geste des saisons, extraits
Little Jazz mass, extrait
Interview de Michel Simonet et de Fabien Volery
La geste des saisons, textes de Michel Simonet
1. Révolution solaire
L’été n’a pas été, Longues ondes d’ondées.
L’hiver était très vert, Averses de travers.
Le printemps bien trop blanc, Giboulées chaud devant !
L’automne monotone, Brumeux comme souvent.
Plus de pluie Que de beau.
Mais aujourd’hui Est un cadeau :
C’est le présent.
2. La glissade détendue
O vous, frères humains qui sur trottoirs tombez,
N’ayez comme la glace vos cœurs endurcis
Contre nous cantonniers qui, effectifs réduits,
Usinons du racloir et de jour et de nuit
Pour extraire, épuisés, aux filons infinis
L’or blanc à ciel ouvert des mines refroidies ;
Déblayons la congère au sort non conjuré
Avec bien peu de temps pour dormir et manger.
Une neige abondante et un froid rigoureux,
Des coupes fortes dans un budget onéreux,
Notre blanche cité se serre la ceinture.
Le travail important, l’ouvrier peu nombreux,
Le goudron incertain sous le manteau neigeux,
Et nul Père Noël pour embellie future.
3. Carnaval Bolze
Rababou
Est en cendres,
C’est à nous
De descendre
Dans la bauge
De L’Auge.
Cueillons
Les fruits
Du Charivari
De la nuit.
Balayons
Sans façons
Les-fettis…
Restons
Polis,
Même si
Je suis pris
Par l’envie
Que ça jure
Dans l’ordure.
Et voici
Des vomis !
Et le bris
De whisky
Ecossais
S’il vous plaît.
4. Christ est ressuscité !
Ronflements de la circulation, Marteau-piqueur,
Sirènes de police, Cortège de motards
Sont choristes, Unis sans partition
Et accompagnent Avec volume et épaisseur,
Sur sol mineur Mon chant de rue
A deux poumons : Romain et Byzantin,
Arabesques vocales Sous pluie verticale,
Singing in the rain, Joie majeure
En l’Octave de Pâques.
5. Euro-Mundial
Ecran géant en bord de route,
Foule folle de foot.
Match au sommet,
Everests de déchets,
Shoots à la bière
Et gobalais de supparterre.
A boire et des chansons,
Canettes en boxon,
Le kop au diapason,
Et qui donne le las
En veux-tu en voilà.
Scories de fumigènes,
Terrain de jeu et mise en scène,
Ballets de ballon rond.
Du gazon au goudron,
From macadamned ! To grass.
Techniciens de deux surfaces,
Footballeur,
Foot-balayeur.
But marqué,
But atteint.
But encaissé,
Char plein.
6. Valete
Effets secondaires des fêtes
gymnasiales
Fin de la classe, Fête aux Grand-Places.
Jeunesse se passe, L’alcool en masse
Prend dans sa nasse Toutes les races.
Les corps s’embrassent, La nuit trépasse,
Jeunesse est lasse, Bientôt s’efface
Et laisse place, Triste surface,
A l’aube efficace.
Festa sunt mihi infesta
Gestes culturels, Vastes programmes
De pays lointains, Bordures limistrophes
En mes pensées éparses Comme déchets
D’une place de fête Au petit matin.
Et ma tête Ne vaut pas mon balai A deux mains.
Tonneau Verlan
Et je m’en vais
A mon balai
Que j’emporte
Au vent mauvais,
De çà, de là,
Amassant la
Feuille morte.
7. C’est quoi ce cirque ?
Roulottes et camions Traversent la cité
Vers le lieu destiné Aux hautes prestations.
Mais le clou du spectacle, Barrissements lointains,
Vient lentement derrière.
Eléphants qui renâclent, Elégants dromadaires
A la démarche fine Sortent royaux et fiers,
Saluent de l’arrière-train Les wagons de la gare,
Paient largement de mine Et laissent en pourboire
Un cadeau de matières.
8. Cortège et revendication
Le grand saint Nicolas sur l’âne Babalou
Quitte la cathédrale et s’en retourne aux cieux.
Le parvis est comblé de familles debout
Savourant ces moments et du cœur, et des yeux.
Mais la grâce s’estompe le temps d’un éclair
Orangé de couleur et de force ouvrière
Dont le bruit machiné, basique et décibels
Relaie fifres, tambours, fanfare Saint-Michel
Et stoppe la fête trop tôt. Et Babalou
Regarde d’en haut les pères fouettards jaloux
De ces bas balais qui s’activent promptement,
Au contraire des leurs, effrayant les enfants.
Saint Nicolas reviens ! Et reste encore un peu !
Parage un vin chaud et ta sagesse ancestrale.
Réconcilie la foule et l’ardeur communale,
Le temps de s’en aller ou d’occuper les lieux.